vendredi 10 novembre 2017

L'Intendant du 21ème siècle


La profession est en constante évolution et les intendants de terrain de golf doivent faire face à toujours plus de défis. Bien que le jeu de golf ait pris naissance aux alentours de l’année 1400, le "greenkeeper " n’est réellement apparu sur la scène que lorsque les greens sont devenus partie intégrante du jeu de golf et que ceux-ci nécessitaient une attention particulière. Au tout début, la tâche de l’intendant était souvent conjointe à d’autres tâches en liaison directe avec le golf. Le "vieux" Tom Morris, illustre greenkeeper de Saint Andrews cumulait les fonctions de greenkeeper, fabricant de balles, concepteur et fabricant de clubs en trouvant même le temps de gagner 4             British Opens (1861 ; 1862 ; 1864 ; 1867).

Les Intendants du 21ème siècle doivent avoir la capacité de maîtriser plusieurs compétences pour survivre. La mission ultime de l’intendant est de fournir des conditions de jeu parfaites dans un environnement   immaculé. Par contre, comme c’est le cas dans la vie en général, atteindre ses objectifs est souvent la résultante d’un savant dosage de connaissances, d’expériences et de compétences variées.


Gestion agronomique 
C’est la compétence de base, le pré-requis à la culture du gazon. Transformer une graminée qui à l’état naturel mesure 60 à 80 cm de haut en gazon de green tondu à 3mm relève du casse tête quotidien. Pour corser le tout, des périodes de sécheresse ou d’humidité excessive, un peu de gel, un bon tapis de feuilles par endroit, la concurrence des arbres (ombre au dessus, racines en dessous), le passage de 15 à 20 000 golfeurs par an, quelques dégâts de sangliers ou du vandalisme, les contraintes liées au jeu bref  de quoi se gratter la tête tous les matins. Autant dire qu’une bonne connaissance agronomique est de mise (graminées, sol, travaux de construction et d’entretien, arrosage et drainage, plantations).


Gestion environnementale :
De nos jours, les intendants ont conscience de leur responsabilité envers l’environnement. L’attention de plus en plus marquée que les médias ou les associations environnementales portent sur les pesticides ou produits dérivés du pétrole (peintures, adjuvants, huiles etc.) à été un des facteurs les plus déterminants de l’augmentation des connaissances des intendants sur ces sujets. C’est l’accomplissement de la démonstration que l’industrie du golf est une forme d’horticulture qui peut coexister avec la nature. Démonstration qui fait la fierté des intendants. Préserver et développer la biodiversité  du site (faune et flore), une préoccupation de tous les instants .


Gestion financière :
Les budgets d’exploitation, après une forte augmentation au cours des dernières décennies, ont tendance, compte tenu de la conjoncture économique à stagner, voire diminuer. Ceci implique que les intendants ont à gérer des sommes importantes, et surtout à adapter les budgets aux moyens à disposition. Ils doivent agir, autant comme acheteurs que comme gestionnaires des budgets qui leur incombent pour assurer la compétitivité de leur entreprise. Bien que la décision finale revienne le plus souvent à une autre personne de l’entreprise (Président, Propriétaire, Directeur, Conseil d’Administration, Comité), les recommandations de l’intendant sont prises en considération.



Relations publiques :
L’intendant est souvent en contact avec le public, au sein du golf comme à l’extérieur. De ce fait, il doit posséder des aptitudes en communication. Il doit toujours présenter une image positive de son club et être en mesure de répondre aux attentes des golfeurs et autres partenaires. Dans le cas où il n’a pas la réponse à la question de son interlocuteur, il doit être capable d’orienter celui-ci vers la bonne personne.  Il représente son club partout et tout le temps.


Gestion du personnel :
La gestion efficace du personnel est tout aussi importante dans l’industrie du golf que dans toute autre industrie. L’intendant veille à l’équité d’emploi, au respect de l’individu et s’assure que les tâches à accomplir le sont d’une manière professionnelle et rapide tout au long de l’année. Récompenses et sanctions sont là pour ponctuer le parcours des salariés.



Gestion du matériel :
Même si on ne lui demande pas d’être mécanicien, l’intendant doit être capable d’appréhender tous les aspects de l’entretien et de la réparation du matériel. Par ailleurs il doit maîtriser les circuits  d’approvisionnement en pièces, qu’elles soient d’origine ou adaptables et avoir de solides compétences pour choisir le bon matériel lors des investissements.


Si on rajoute une bonne connaissance du jeu de golf et de l’organisation des compétitions, la maîtrise de l’installation, l’entretien et la programmation  de l’arrosage, de bonnes bases en bricolage pour faire face aux urgences du Club House, du practice ou du parcours, la maîtrise de l’outil informatique, quelques notions de secourisme, et quelques autres petites choses encore, on voit la complexité du poste mais surtout la grande variété de tâches et de responsabilités qui font tout l’attrait de la profession.

mercredi 8 novembre 2017

L'hiver vient !

A Caen, première gelée blanche de l’année mardi 7 novembre ! La rosée  s'est pour l'instant cantonnée sur les roughs et les fairways. En effet, une forte rosée, due à un début de nuit humide et doux s'est transformée en cristaux de glace sur les feuilles du gazon.  Aux premiers rayons de soleil, tout est rentré dans l'ordre.

lundi 6 novembre 2017

Du travail de Cochons

Le retour de l'automne annonce également le retour des dégâts de sangliers. Le Golf d'Houlgate est particulièrement exposé avec un environnement qui leur est propice. Les ''Falaises'' en bordure de mer sont des espaces naturels qu'ils fréquentent tout au long de l'année. Avec l'ouverture de la chasse, leurs habitudes sont perturbées. Les hardes se déplacent, de bois en ronciers, de champs de maïs en landes et taillis. La récolte progressives des maïs restreint encore un peu leur zone de replis (zone d'alimentation).
Par ailleurs, le golf et son environnement est particulièrement tentant. A la quiétude des lieux à la nuit tombée, s'ajoute un tapis moelleux, souple à souhait pour fouiller le sol à la recherche de vers et de larves. Le sangliers est omnivore mais est particulièrement friand des lombrics (vers de terre) et des larves d'insectes telles les hannetons, les noctuelles (papillons) et de tipules (cousins). Les greens sont généralement épargnés, avec une herbe beaucoup plus rase, une humidité résiduelle dans le sol moindre et une faible présence de larves. Nous testons depuis l'année dernière un traitement naturel biologique contre les larves de tipules avec des nématodes entomophages.

Les chasseurs s'affairent, mais les contraintes sont nombreuses :
- réglementation sur l'organisation des battues (horaires, dates, déclaration)
- activité golfique incompatible avec une battue avec chiens et fusils
- propriétés en lisière non accessibles
- rassemblement d'un groupe suffisant de chasseurs pour plus d'efficacité
- multiples "sorties de secours" partout sur le parcours

Quelques spécimens d'un gabarit imposant ont toutefois
été mis hors d'état de nuire dans les environs et nous espérons que cela va permettre à Bruno et son équipe de souffler un peu. En effet  la remise en état des parcours après le passage d'une harde de sangliers est un travail fastidieux et très chronophage. Par ailleurs, la surface est profondément chahutée et il faut un certain temps pour récupérer la planimétrie.
Comme tout le monde j’adore les sangliers, mais je les préfère loin du golf ou dans mon assiette, en ragoût avec quelques petites pommes de terre, ou en terrine. 

mercredi 1 novembre 2017

Talpa Talpa - Modus Operandi



Le matériel  1 bêche, 1 Houlette, des piquets ni blancs ni bleus, ni rouges ni jaunes…... 1 pelle (Photo 1), des pièges putanges dont les tentes sont fixées avec de la chaînette, une pince, 1 couteau,  (Photo 2) un carnet et un crayon. Dans le cas du Golf de Caen nous avons presque en permanence 15 à 20 pièges de posés. Le golf est entouré sur une bonne partie de son périmètre de bois et terres agricoles, réservoir sans fin de générations et de générations de taupes.  Le piégeage représente  4 à 6 heures par semaine pour 60 à 100 taupes capturées par an (parfois plus…).
photo 1
photo 2












Mode opératoire : repérer les zones ou l’activité des taupes pose problème, en général  elles arrivent   de l’extérieur du golf et fouillent les roughs en premier. On essaye de déterminer un cheminement potentiel en fonction de l’alignement des taupinières et de leur ordre d’apparition (Photo 3). A la pelle on écarte l’ensemble des taupinières pour connaitre avec précision la zone de passage en cours (Photo 4). Le nivellement parfait des taupinières permet également de passer avec la tondeuse (Photo 5). 
photo 3
photo 4
photo 5bis
Photo 5 











L’herbe jaunie sous une butte de terre permet de "dater" une taupinière (Photo 5 bis). Une fois la taupinière choisie, on recherche l’orifice de remontée (Photo 6).


Photo 7
photo 6
On pratique au droit de la taupinière un trou de la profondeur d’un fer de bêche (Photo 7). Parfois moins si les galeries sont en surface. 







Photo 8
Photo 9
On forme un carré   (Photo 8) que l’on extrait délicatement (Photo 9). A l’aide de la houlette on affine le trou à la recherche de la galerie.





Une fois trouvée, la galerie est nettoyée à l’aide d’un piège fermé (Photo 11) ou même de la pince (Photo 12). Cette opération à pour but de reformer un peu la galerie et extraire la terre qui pourrait s’être déposée. En circulant dans la galerie, la taupe pousserait cette terre devant elle, déclenchant le piège sans se faire prendre.
Photo 11
Photo 12
photo 13
A l'aide de la pince, le piège est  ouvert, et la tente est positionnée à 2 ou 3 cm en retrait du bord (Photo 13). Les pièges (1 par orifices) sont délicatement positionnés.
Photo 15
Photo 14
Dans la mesure où on ne sait pas de quel coté de la galerie se trouve la taupe, on pose un piège de chaque coté (Photo 14). Le piquet sert à repérer les taupinières en cours de piégeage mais également à bloquer le piège dans le conduit de la galerie (Photo 15).


Photo 16
Photo17

Photo 18
Photo 19
La motte est replacée précautionneusement  (Photo 16), on tendra l’oreille pour s’assurer que les pièges ne se sont pas déclenchés tous seuls, lors du rebouchage. Le nombre de galeries découvertes est variable (Photos 17, 18 et19), certaines plongent vers le fond de la taupinière, d’autres seront en surface. En général, au niveau d’une taupinière, les deux extrémités de la galerie sont à une même hauteur. La zone piégée, et le nombre de pièges posés sont immédiatement notés (Photo 20).  Après 2 ou 3 jours, pour laisser à la taupe le temps matériel de repasser où vous l’attendez, les pièges sont relevés (Photo21).
Photo 20 

Photo21
 Si les pièges sont en place non détendus, votre visiteuse  s’en est allée plus loin ou à détecté votre odeur. Si les pièges sont déclenchés, mais vides votre visiteuse est sans doute passée par là, déclenchant le mécanisme avec de la terre par exemple. Si de nouvelles taupinières, parfois minuscules  (Photo 22) apparaissent, alors il faut tout recommencer.  Les galeries creusées servent à plusieurs taupes, et les zones de piégeage sont souvent les mêmes.
Photo 22

A savoir :
-          La taupe est un mammifère insectivore de 15 à 20 cm de long pour un poids de 80 à 120 grammes. Sa tête pointue est terminée par un museau (sorte de groin) orné de moustaches qui lui servent à se repérer dans l’obscurité. Une quarantaine de dents acérées ornent sa bouche. Ses petits yeux sont, comme ses oreilles partiellement masqués dans sa fourrure. Son odorat est assez développé, mais c’est surtout des vibrations dont elle se sert pour repérer ses proies.  Ses pattes robustes munies de griffes impressionnantes agissent comme des outils de terrassement. Dans une terre meuble, elle peut creuser 20 à 30 mètres de galeries par jour parfois le double au printemps après la mise bas. Elle doit manger beaucoup et souvent. Pour cela elle peut stocker des vers près de son nid après leur avoir coupé la tête pour qu’ils ne s’échappent pas. Son nid est en profondeur, tapissé de mousse et de feuilles. Elle circule parfois en surface, et est une excellente nageuse le cas échéant.

-          La taupe à un odorat délicat, ne partez pas piéger avec les mains qui sentent le gas-oil ou tout autre produits.

-          Les nouveaux pièges peuvent être enterrés quelques jours pour enlever l’odeur du neuf.

-          Les galeries principales sont visitées régulièrement, les taupinières y sont plus grosses. Les galeries secondaires ou galeries de chasse sont plus en surface et moins visitées.

-          En sol caillouteux ou en présence de racines, vous pouvez raccourcir les extrémités des pièges pour faciliter la pose. C’est également vrai en sol très argileux où les taupes font des galeries parfaitement lissées, et souvent plus petites.

-          Le piégeage reste à mon avis la solution la plus efficace, après avoir testé toutes sortes de techniques physiques ou chimiques, éprouvées ou farfelues, onéreuses ou bon marché.

-          La taupe n’hiberne pas comme les hérissons. Elle s’enfonce profondément dans le sous-sol pour se protéger du froid et trouver larves et insectes qui, eux aussi, sont descendus plus bas. La taupe est donc active toute l’année. Mais son activité est bien plus grande au printemps. On peut apercevoir ses taupinières même sur un sol enneigé.

-          Au début du siècle dernier, la mode des manteaux en peau de taupe fait fureur. Leur prix élevé est en rapport avec le nombre de peaux nécessaire, 400 peaux pour un Trois Quart et 800 voire 1000 peaux pour un manteau.


-          Les carnets de Moleskine, avant d’être des toiles de coton enduites pour imiter la peau ou le cuir,  étaient recouverts de peaux de taupes d’où le nom Mole Skin (en anglais).