mercredi 31 mai 2023

La biodiversité dans le golf : de quoi parle-t-on ?

 


La biodiversité, qui englobe la faune et la flore, s’appauvrit chaque année. Les causes mises en avant sont le changement climatique, la crise de l’habitat sous la pression de l’urbanisme et l’impact de l’agriculture intensive pour ce qui nous concerne par leur proximité directe mais également l’extension des zones désertiques, la déforestation, la baisse de la ressource en eau, la pollution des océans et l’augmentation de la population mondiale pour ce qui concerne l’ensemble de notre planète.   

La biodiversité ne concerne pas que les grands parcs naturels et ne s’applique pas qu’aux grands animaux (loups, ours, lynx, cervidés). La biodiversité c’est aussi les insectes, la microfaune dans son ensemble et les animaux nocturnes que nous ne voyons jamais. La biodiversité c’est également cette flore et cette faune qui se sont adaptées au fil des années à l’activité humaine et qui ont colonisé les centres villes, les friches industrielles ou les golfs, de manière plus ou moins discrète.    

Le golf, c’est un havre de nature de 40 à 50 hectares (parfois beaucoup plus, à Caen, 100 Ha) souvent situé en zone périurbaine, protégeant depuis et pour encore longtemps des espaces remarquables. Implanté en bord de mer il protège de l’urbanisation, en montagne il occupe le domaine skiable lorsque la neige a disparu et fixe les sols, sur les anciennes carrières ou sur les décharges il permet de réhabiliter des zones impropres à toute autre utilisation.

Comme l’a souligné Monsieur Siblet, directeur adjoint du Muséum National d’Histoire Naturelle, dans son rapport commandé par la FFGolf en 2007  ‘’… le golf ne saurait se substituer à un milieu naturel de qualité mais sous certaines conditions relatives à la qualité des milieux investis, aux techniques de génie écologique utilisées, à la gestion mise en œuvre, un golf peut contribuer très significativement à préserver, voire à enrichir la biodiversité.’’

 

Au golf de Caen, l’audit mené par la LPO dans le cadre du dossier pour la labellisation ‘’Golf pour la Biodiversité ’’ a répertorié 4 zones distinctes :

Zones de jeu 50 Ha

Bois et Forêts 33 Ha

Prairie 13 Ha

Plan d’eau 0.5 Ha

La liste, non exhaustive, des hôtes du golf de Caen la Mer a été dressée lors de 3 visites. Hormis les différentes graminées présentes sur le site, l’inventaire a répertorié :

61 espèces différentes de végétaux,

42 espèces d’oiseaux nicheuses plus 12 espèces de passage,

11 espèces de mammifères dont 3 chiroptères (chauve-souris),

36 espèces d’insectes,

3 espèces d’amphibiens dont deux grenouilles et 1 salamandre.

Pour l’ensemble de la faune il a été relevé dans les listes 17 espèces patrimoniales, c'est-à-dire inscrites sur diverses listes qui en font des espèces particulièrement rares voire protégées. Il est à noter que des espèces migratrices font parfois escale sur le golf, et qu’en cas de gros temps en mer, mouettes et sternes investissent un milieu plus protégé que le littoral.  

Les golfs, compte tenu de la très grande variété des biotopes rencontrés sur nos parcours du nord au sud et des plaines aux montagnes, réclament  grand soin. La gestion d’un  parcours de golf ne se résume pas au seul entretien de surfaces engazonnées. La tâche est complexe tant la nature des zones est variée. En plus des zones de jeu tondues ras, les parcours en comptent plusieurs autres dont l’importance patrimoniale pour la biodiversité est primordiale.

Les Prairies : Les roughs extensifs abritent une grande variété de plantes et d’animaux de toutes sortes. Ils contribuent également à éviter l’érosion et participent à l’imprégnation des sols par l’eau des  précipitations pour ainsi contribuer au remplissage des nappes. Les hauts roughs sont entretenus de manière extensive : souvent un fauchage tardif (afin de ne pas gêner la nidification et les mises bas) est effectué pour maintenir le milieu ouvert. Ils servent de tampon entre les zones régulièrement entretenues et les zones boisées. Un rapide coup d’œil suffit pour déceler la présence des papillons, libellules ou passereaux. Des traces dans les herbes hautes trahiront le passage de chevreuils, de lièvres ou de lapins.  


Les landes acides : En présence de sols squelettiques et d’un substrat acide, on voit fleurir bruyères,  genêts, ajoncs et petites fétuques. Ce biotope est caractéristique des sols sableux des bords de mer et des grandes forêts de conifères ou/et de bouleaux, tels les massifs forestiers de Fontainebleau, de Chantilly ou des Landes. C’est l’habitat de prédilection des perdrix et des faisans qui disputent l’espace à l’engoulevent, l’alouette ou la pie-grièche. Sauterelles et grillons y jouent à cache-cache avec les lézards et les couleuvres. La croissance faible de la végétation de ces zones maigres est parfaitement adaptée à un entretien extensif. Il faudra juste être vigilant à ce que des essences pionnières ne s’installent pas car lorsqu’une lande est laissée sans entretien, bouleaux, pruneliers et aubépines sont les premiers signes que la forêt est en train de reprendre ses droits. Dès lors, la faune et la flore propres à la lande disparaîtront petit à petit.

Les milieux humides : Lacs et étangs, au-delà de leur intérêt architectural pour le parcours, ont également parfois vocation à stocker de l’eau pour l’arrosage. Odonates, batraciens et poules d’eau sont les plus visibles des résidents des berges des plans d’eau et des zones marécageuses. Dans l’eau, une grande variété de poissons fera l’ordinaire du héron ou du cormoran. Un soin particulier sera apporté à limiter la prolifération des typhas ou des différentes algues qui concurrencent la faune endémique et dégradent parfois la qualité de l’eau. Des zones de roughs peuvent également être temporairement immergées si elles constituent des bassins tampon où l’excédent des précipitations est piégé.

Les espaces boisés : À la création d’un parcours, l’architecte utilise les arbres pour matérialiser l’ensemble d’un trou et en délimiter visuellement les contours. En outre, les arbres sont le refuge de nombreuses espèces, et la décomposition de leurs feuilles contribue à la formation d’une litière riche en humus qui abrite une multitude d’arthropodes, de lombrics et quelques petits mammifères. Les insectes représentent 80% de la faune d’une forêt.

En outre, glands, faines et autres châtaignes composent l’essentiel du régime alimentaire de nombres d’animaux (quand c’est la saison). La main de l’homme, en laissant des tas de feuilles ou des empilages de branches ou de bûches, favorise l’installation de nouveaux occupants.

Les Bouleaux, Les Pins, Le Bois, Les Chênes, Les Genets, Les Ormes, Les Tilleuls etc…  Autant de noms donnés à l’un de leur parcours par de nombreux golfs, évocateurs de la prégnance de la forêt sur leur site.

Comme aimait le rappeler Jérôme Paris, avec une telle variété de climats, de sols, de paysages et de traditions locales, la France est sans doute l’un des plus beaux pays du monde. Les golfs de France reflètent cette grande diversité et contribuent tous peu ou prou à la préservation de la biodiversité et à ses multiples biotopes. Cette même biodiversité qui est notre ressource génétique de demain est notre paysage d’aujourd’hui.