jeudi 24 novembre 2022

Le petit train d'automne : L'aération


Les travaux d’aération qui se répètent, a minima  au printemps et à l’automne (parfois en été selon les cas), sont la bête noire des golfeurs. Pourtant leur importance est primordiale pour la bonne tenue des gazons. C’est une sorte de petit train de travail qui se met en place.

Tonte ou baguettage avant le passage de l’aérateur, parfois même un verticut est passé la semaine précédente. Aération, ramassage ou soufflage des carottes. Apports d’engrais de correction ou d’amendements organiques. Apport d’amendements inorganiques. Sablage. Brossage ou passage du Drag Mat. Regarnissage si besoin. Arrosage si besoin.

L’aération des greens a pour but de permettre à l’eau et à l’air de circuler dans le sol.  L’eau d’arrosage ou l’eau de pluie pénètre directement dans le sol par les trous d’aération au lieu de ruisseler. L’oxygène circule également plus facilement dans la couche racinaire. Le manque d’oxygène limite la dégradation de la matière organique et génère une accumulation de feutre, responsable de nombre de maux des greens (maladies, surface spongieuse, vitesse moindre, enracinement superficiel etc.) L’aération peut se faire avec ou sans extraction de matière selon que le substrat doive être amendé ou renouvelé ou non.



Dans le cas de greens récents, le substrat en sable pur ou en sable amendé ne requiert pas d’apports importants de matière. Ce sont plutôt des corrections de matière organique ou de composés inorganiques (zéolite, terre de diatomées, céramiques poreuses) permettant de modifier la nature du sol et favoriser la vie microbienne, la rétention en eau et la fixation des éléments nutritifs.

Dans le cas de greens plus anciens, parfois réalisés en terre (plus ou moins bonne), l’aération à louchets creux permet de changer une partie du sol en apportant du sable pour modifier la structure et la texture de la zone racinaire. Par exemple, pour une aération à 8 cm de profondeur avec une densité de 400 trous au m², selon le diamètre de louchets utilisés, on estime que 3 à 8% de la zone racinaire peuvent être extirpés et remplacés par passage. Bien sûr de la matière organique ou des composés inorganiques peuvent être adjoints au sable pour plus d’efficacité.

Après l’aération, des apports d’amendements ont été réalisés.

Matrix® : Composé de deux amendements inorganiques et de poudre d’algues, le Matrix améliore la structure du sol et booste la vie microbienne.

La diatomite est une roche issue de sédiments déposés au fil des millénaires au fond des océans. Les diatomées sont de minuscules organismes marins dotés d’un squelette riche en silice. À leur mort, ces structures se sédimentent. À la faveur de mouvements tectoniques ou d’assèchement d’anciennes zones océaniques, cette couche de sédiments devient accessible. La structure particulière de la terre de diatomées, caractérisée par ses nombreux pores (de 0.1 à 10 micromètres), lui permet de fixer une grande quantité d’eau et fournit aux micro-organismes une loge écologique très favorable. Rétention en eau, amélioration de la C.E.C. (Capacité d’Échange Cationique), pouvoir tampon, apports en divers oligo-éléments, les bienfaits de tels apports sont nombreux. En faisant abstraction du coût, un dosage  à 10% des mélanges sableux pour greens permettrait de cocher pratiquement toutes les cases du support parfait.

La zéolithe, ou plus exactement la famille des zéolithes (il en existe de nombreuses sortes) est  issue de roches volcaniques acides, altérées depuis des milliers d’années par des eaux alcalines. Leur structure très poreuse permet de stocker l’eau du sol puis de la restituer aux plantes. Par ailleurs elle est également chargée électriquement et de ce fait peut fixer des éléments fertilisants. Pour ce qui nous concerne, c’est un silicate d’alumine et de potasse, riche en magnésium et en  calcium. Adjointe au sol elle en décuple le potentiel, ce qui justifie son utilisation en culture hors sol (bonsaïs, serres) et dans les substrats techniques (terrains de sport, greens et départs de golf).

Les algues  contenues dans le Matrix (rhodophycées) sont intéressantes pour leur action anti stress : leur richesse en SDN (Stimulateurs de Défenses Naturelles : hormones végétales, acides humiques et fulviques, zéatine) et en oligo-éléments améliore la résistance aux stress climatique (chaud / froid), physique (tontes rases, piétinement) et biotique (maladies, insectes). Elles permettent également un apport de matière organique, à destination du gazon et des micro-organismes du sol.

PermO²pore® : cette céramique poreuse est un amendement inorganique, issu d’argile de grande qualité cuite à très haute température pour en figer ses caractéristiques physico-chimiques. Sa très grande CEC est particulièrement attractive pour la magnésie, la potasse et le calcium. Sa granulométrie fine est adaptée aux normes USGA applicables sur greens. Le  PermO²pore améliore la circulation de l’eau dans le sol, en évacuant les excès et en gardant à disposition des racines du gazon, un stock d’eau disponible beaucoup plus important que le sable. Par ailleurs sa structure permet la fixation des éléments fertilisants, éléments majeurs, éléments secondaires et oligoéléments.

Cup Green Active® : amendement organique destiné à nourrir le sol et sa fraction microbienne. Sous l’action biologique de la rhizosphère, la matière organique est transformée en éléments assimilables par la plante. Le sol nourrira donc à son tour le gazon.

Le produit est fabriqué à base de matières organiques d’origine végétale, intéressantes pour leur action sur le long terme (tourteaux et pulpes de fruits, terreau d’écorces) et de matières organiques d’origine animale, pour leur action sur le court et moyen terme (poudre d’os, fumier de mouton, bourre de laine et poudre de plumes). La nature des composants et le process de fabrication en font un produit utilisable en agriculture biologique.

Si aucune fertilisation n’a été faite avant l’aération, il est préférable d'effectuer un apport d'engrais et/ou d'amendement après l'opération. Sur les tees comme sur les greens, on peut profiter des trous de l’aération pour incorporer en profondeur (au contact des racines) des fumures de correction en phosphore ou potasse, éléments peu mobiles. Pour ce qui est de la fraction azotée, un apport massif trop tardif peut déclencher une attaque de fusariose. Pour y remédier, on peut opter pour un apport sous forme d’azote retard qui permettra d’en étaler dans le temps la libération. Dans ce cas, il faut tenir compte des températures et des précipitations hivernales locales pour choisir la formulation d’azote retard adaptée. Cet apport automnal permet au gazon de trouver à disposition des éléments nutritifs en attendant la reprise de végétation dès les premiers beaux jours du printemps. En outre, à partir de 4°C on peut constater une légère activité racinaire de la plante qui tirera profit de l’azote. En cas d’hiver particulièrement doux, un apport foliaire de complément est parfois nécessaire afin de permettre au gazon de faire la jonction avec la reprise de végétation printanière.