vendredi 29 mai 2020

La fertilisation foliaire


  
 Cette semaine nous avons réalisé une fertilisation sur les greens, par pulvérisation foliaire. Le but de cette opération est d’apporter certains éléments nutritifs par voie foliaire, c'est-à-dire pour une absorption par les feuilles. Cette technique permet une action très rapide des éléments nutritifs apportés. Le volume de bouillie à l’hectare est plus faible que pour une fertilisation racinaire, et le délai de 4 ou 5 heures sans pluie après la pulvérisation doit être respecté.

Dans la liste des produits apportés figurent :

-  Du sulfate de fer pour son effet reverdissant et son effet acidifiant pour le sol. Le gazon se comporte mieux en milieu légèrement acide pH 6.5 à 6.8.

-  Du sulfate d’ammoniaque qui apporte une forme d’azote dont sont friands les micro-organismes du sol et intéressant également pour son pouvoir acidifiant,

- De la silice, issue de purin de prêles, qui renforce les parois des cellules, augmentant ainsi la turgescence des tissus de la feuille et conférant au gazon une meilleure résistance aux maladies,

-  Du manganèse qui favorise la croissance du gazon et participe à l’assimilation de nombre d’autres éléments nutritifs. Après un semis de regarnissage, c’est également un atout majeur pour une bonne germination des graines de gazon.

-  De l’azote, véritable carburant des cellules, pour produire des hydrates de carbone, sucres synthétisés par la plante lors du mécanisme complexe de la photosynthèse.

-  De la potasse qui améliore la résistance aux maladies et contribue aux mécanismes de mise en réserve des glucides. Un léger effet sur la couleur est également attendu.

-  Un réducteur de croissance qui permet de mieux gérer la pousse du gazon et limite l’effet booster lié à l’apport de tous les autres éléments.

-  Des algues, en particulier ascophylum nodosum, riches en de nombreux phyto-nutriments, en  oligoéléments  et en potasse. Sources importantes d’acides aminés et de vitamines, elles ont un important effet anti-stress. De fait, les polyphénols qu’elles contiennent exercent un rôle anti-oxydant en bloquant les radicaux libres produits lors de stress biotiques (liés à la plante elle-même) ou abiotiques (liés au milieu).


L’ensemble de ces apports constitue la trame des éléments (macro-éléments ou oligoéléments) indispensables à la bonne santé du gazon. Cela lui confère donc une meilleure résistance au piétinement, au stress hydrique, aux maladies et insectes et aux opérations mécaniques indispensables pour maintenir le gazon à la hauteur de tonte - pas du tout naturelle - de 3 à 4 mm pour les greens. Rappelons-nous juste que la hauteur de l'agrostis stolonifère, en milieu naturel, peut atteindre 90 cm...

vendredi 8 mai 2020

J'ai croisé un cousin !

Plus connues sous le nom de cousin, la tipule est cet énorme moustique qui ne pique pas. Les conditions climatiques particulièrement douces et humides de cet hiver ont été très propices aux dites tipules, il est donc normal de les retrouver confinées en grand nombre sous les greens. Le sol y est meuble, humide sans excès et les racines du gazon sont belles à croquer. Là, elles s'en donnent à cœur joie pour grignoter, doucement mais sûrement les racines du gazon occasionnant des dégâts importants à partir du début avril. 

Les larves de tipules sont cylindriques et apodes. Elles mesurent environ 3 à 4 centimètres de long, parfois un peu plus, comme cette année où quelques spécimens surdimensionnés ont été observés. Le nom anglais, leather jacket (jaquette de cuir) en dit long sur son aspect rude et peu avenant.

Les larves ont terminé leur croissance et l'envol des adultes s'est produit samedi dernier, mettant fin au calvaire des brins de gazon. Retirés de la vente il y a une dizaine d'années, les insecticides utilisés antérieurement sont désormais interdits, et de toute façon introuvables. La seule alternative à notre disposition pour faire face au problème est un traitement naturel, biologique avec des nématodes entomopathogènes. 

Présents naturellement dans tous les sols, les nématodes sont des vers microscopiques de 0.2 à 3 mm de long. Dans la nature, il en existe une multitude, parfois auxiliaires, parfois parasites. 
Ces petites bestioles, Steinernema carpocapsae (pour celles qui nous concernent) sont bien connues pour se nourrir des larves de certains insectes comme les noctuelles, les courtilières ou dans notre cas, les tipules, après les avoir investies. L'inoculation des larves doit se faire à un stade très précoce. C'est pourquoi le traitement devra être effectué 8 à 10 jours après la ponte, qui a lieu le jour ou le lendemain de l'envol des adultes. Une première génération s'envole en avril ou mai selon les années, puis pond les œufs qui donneront à leur tour une seconde génération, en septembre (parfois octobre). Il est donc important de rompre ce cycle en intervenant sur les jeune larves de la 1ère génération. 

Ce traitement biologique est effectué par pulvérisation des nématodes, conservés secs puis réhydratés.
Deux apports, à demi-dose à 8 ou 10 jours d'intervalle, couvrent une plus large période et augmente les chances de résultats. Cependant, ce type de traitement, parfaitement maîtrisé en laboratoire, reste toutefois un peu plus compliqué à maîtriser en milieu naturel. Les conditions de stockage du produit avant épandage (au sec et au frais), la température et l'humidité du sol ainsi que les conditions mécaniques de l'épandage sont autant de paramètres qui peuvent induire un succès probant ou un échec bien désolant.

Il faudra attendre le mois de septembre pour connaître le verdict...