vendredi 8 mai 2020

J'ai croisé un cousin !

Plus connues sous le nom de cousin, la tipule est cet énorme moustique qui ne pique pas. Les conditions climatiques particulièrement douces et humides de cet hiver ont été très propices aux dites tipules, il est donc normal de les retrouver confinées en grand nombre sous les greens. Le sol y est meuble, humide sans excès et les racines du gazon sont belles à croquer. Là, elles s'en donnent à cœur joie pour grignoter, doucement mais sûrement les racines du gazon occasionnant des dégâts importants à partir du début avril. 

Les larves de tipules sont cylindriques et apodes. Elles mesurent environ 3 à 4 centimètres de long, parfois un peu plus, comme cette année où quelques spécimens surdimensionnés ont été observés. Le nom anglais, leather jacket (jaquette de cuir) en dit long sur son aspect rude et peu avenant.

Les larves ont terminé leur croissance et l'envol des adultes s'est produit samedi dernier, mettant fin au calvaire des brins de gazon. Retirés de la vente il y a une dizaine d'années, les insecticides utilisés antérieurement sont désormais interdits, et de toute façon introuvables. La seule alternative à notre disposition pour faire face au problème est un traitement naturel, biologique avec des nématodes entomopathogènes. 

Présents naturellement dans tous les sols, les nématodes sont des vers microscopiques de 0.2 à 3 mm de long. Dans la nature, il en existe une multitude, parfois auxiliaires, parfois parasites. 
Ces petites bestioles, Steinernema carpocapsae (pour celles qui nous concernent) sont bien connues pour se nourrir des larves de certains insectes comme les noctuelles, les courtilières ou dans notre cas, les tipules, après les avoir investies. L'inoculation des larves doit se faire à un stade très précoce. C'est pourquoi le traitement devra être effectué 8 à 10 jours après la ponte, qui a lieu le jour ou le lendemain de l'envol des adultes. Une première génération s'envole en avril ou mai selon les années, puis pond les œufs qui donneront à leur tour une seconde génération, en septembre (parfois octobre). Il est donc important de rompre ce cycle en intervenant sur les jeune larves de la 1ère génération. 

Ce traitement biologique est effectué par pulvérisation des nématodes, conservés secs puis réhydratés.
Deux apports, à demi-dose à 8 ou 10 jours d'intervalle, couvrent une plus large période et augmente les chances de résultats. Cependant, ce type de traitement, parfaitement maîtrisé en laboratoire, reste toutefois un peu plus compliqué à maîtriser en milieu naturel. Les conditions de stockage du produit avant épandage (au sec et au frais), la température et l'humidité du sol ainsi que les conditions mécaniques de l'épandage sont autant de paramètres qui peuvent induire un succès probant ou un échec bien désolant.

Il faudra attendre le mois de septembre pour connaître le verdict...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.