lundi 12 avril 2021

Tipula confinata

La présence de larves de tipules (cousins) dans les greens est un problème de plus en plus marqué, d’année en année.(voir ''j'ai croisé un cousin'' article du 8 mai 2020) Les dégâts occasionnés sont importants en termes agronomiques pour la plante mais surtout détériore plus ou moins durablement la surface de putting. En effet, les larves se nourrissent du gazon autour de la zone où elles se trouvent, et particulièrement la nuit lorsqu’elles sortent.

Devant l’ampleur des dégâts constatés depuis quelques années sur l’ensemble des surfaces engazonnées (stades de rugby et de foot, hippodromes, golfs, etc.) un insecticide est en cours d’homologation. Son mode d’action novateur est basé sur la fixation de la matière active sur la matière organique du sol et donc sur un mode d'action uniquement par ingestion par les larves terricoles (Tipules, Noctuelles, Hannetons). Particulièrement sélectif, il sera d’une innocuité totale pour les lombrics (vers de terre) et les abeilles.

La complexité du problème tient également au fait que deux espèces de Tipules sont présentes sur les greens, Tipula oleracea et Tipula paludosa, et à celui que plusieurs générations se superposent ou se succèdent d'une année sur l'autre. 

Le  bâchage des greens permet pour l’instant une réponse partielle au problème. L’installation de grandes bâches noires, de type bâches à ensilage, nous permet de couvrir la surface totale d’un green. Les larves de Tipules qui ont une activité quasi exclusivement nocturne, sortent et se complaisent sous la bâche qui maintient obscurité et humidité.


Dès le  débâchage, le matin, après une nuit de confinement,  une tonte croisée est opérée pour ramasser les larves qui se trouvent en surface. Ce matin, malgré une température des plus fraîches, la bâche a fait son office en révélant 30 à 50 larves par m². Une bonne marmelade de Tipules dans les bacs de la tondeuse nous conforte dans nos choix. 

Au delà de l’investissement, somme toute modique, de 700m² de bâches et de 40 sacs boudins pour le lestage, la mise en œuvre du procédé est fastidieuse et chronophage. À quatre personnes, l’installation prend 30 à 45 mn et le débâchage une bonne heure au bas mot, en incluant le repliage, la tonte et le transfert du matériel sur la zone d'intervention prévue pour le lendemain.

Une rotation permettra de mettre en place le procédé sur les greens les plus infestés, ce jusqu'à l’envol des adultes, suivi de la ponte. À partir de là, les toutes jeunes larves  seront assez sensibles pour un traitement naturel avec des nématodes entomopathogénes, organismes microscopiques qui parasitent les larves.(voir ''Nématodes vs Tipules'' article du 19 fev 2021)  La souche retenue est variable selon la nature du parasite ciblé : Tipules, Noctuelles, Hannetons, pour ce qui nous concerne. On utilisera le terme de traitement ‘’naturel’’, celui de traitement ‘’biologique’’ correspondant à un cahier des charges et une nomenclature très réglementés, même si, dans l’esprit, ce traitement ‘’éco-responsable’’, ‘’durable’’ ou encore ‘’ecofriendly’’ est ‘’biologique’’. 

En parallèle, nous continuerons les apports d’huiles essentielles répulsives comme arme supplémentaire.  

Le sol grouille de vie, mais pas toujours celle souhaitée. Nous sommes en bonne voie, en améliorant la qualité du gazon pour la pratique du golf tout en conciliant respect de l’environnement et entretien.

Les restrictions de plus en plus nombreuses quant à l’utilisation de produits, ouvrent une nouvelle page de l’entretien des gazons sportifs et en particulier des golfs. Innovation, adaptation, information, recherche, sont les outils des dix prochaines années pour réduire la pression des maladies, des adventices et des ravageurs dans le respect de l’environnement et des règlementations en vigueur.

vendredi 2 avril 2021

Des nichoirs pour les birdies

Le site golfique du Golf de Caen la Mer constitue un espace naturel d’une centaine d’hectares à 10 minutes du centre ville de Caen. Sur les parcours, la diversité des milieux naturels autour des zones de jeu (prairies, boisements, milieux aquatiques, bosquets,…) offre des refuges pour l’accueil d’une biodiversité riche et variée. Les oiseaux, comme en atteste l’inventaire précis établi par la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) sur une longue période, représentent un contingent important de cette biodiversité. Pas moins de 54 espèces différentes dont 40 sédentaires ont été répertoriées. Lors des divers diagnostics et audits, l’installation de nichoirs a fait partie des mesures listées comme souhaitables pour améliorer leur nidification.

Dans la continuité des mesures environnementales déjà mises en place et selon les recommandations, l’installation des nichoirs  a commencé avant le retour du printemps. L’an dernier, la livraison tardive des nichoirs en raison de difficultés d’approvisionnement liées à la crise du COVID 19, nous a fait perdre une année, la période de nidification étant passée au moment de la livraison. Cette année nous avons installé une dizaine de nichoirs de différents modèles à destination de diverses espèces de passereaux lors des derniers jours de l'hiver.

La forme et la taille des nichoirs mais surtout le diamètre du trou d’accès nous permettent de varier les espèces susceptibles de les coloniser. Ils sont fabriqués en béton de bois, matériau particulièrement écologique composé de  75% de bois et de matières poreuses végétales associés à un liant naturel. En raison de leur caractère écologique et de leur longévité, ce type de nichoirs est recommandé et agréé par de nombreuses associations environnementales. Ce matériau leur confère en effet une grande solidité, gage de longévité et de protection des occupants. Un système d’ouverture sur la partie avant permet une visite annuelle pour effectuer un nettoyage pendant l’hiver. Nous avons installé trois modèles.

Le modèle cylindrique avec un trou d’envol de 26 mm de diamètre s’adresse en particulier aux divers types de mésange comme la Mésange bleue, la Mésange noire ou la Mésange huppée. Occasionnellement, la Nonette ou le Troglodyte peuvent se l’approprier.



Le modèle  cubique, beaucoup plus spacieux, est doté d’un surplomb qui protège la nichée des petits carnassiers (martres), des chats, et même des oiseaux pilleurs comme la Pie ou le  Geai.  Avec deux sortes de trous d’envol, ce modèle s’adresse à une large variété d’occupants.



Le trou ovale (30x45) est particulièrement apprécié du Gobe-mouche noir, du Torcol, du Rouge Queue, de la Sitelle torchepot voire du Moineau friquet. Certaines Mésanges charbonnières en mal de logement peuvent se laisser tenter. La taille du trou permet en outre d’accueillir des Chauve-souris. Les petites espèces de Chiroptères (la Barbastelle commune, le Petit Rinolophe et surtout la Pipistrelle) peuvent utiliser ce type d’abri, même si les nichoirs spécifiques (entrée par le bas) et surtout l’emplacement sur ou dans les vieux bâtiments ou les greniers) seront  privilégiés pour les cousines de Batman.

Les trois trous de diamètre 28  dédient plus spécialement ce modèle au  Gobe-mouche à collier, les Mésanges et éventuellement la Chauve-souris.    

La liste des espèces citées n'est pas exhaustive, d'ailleurs le lendemain de l'installation, dès potron-jaquet, un couple de Bouvreuils s'affairait à l'aménagement d'un nichoir cylindrique. 

La sédentarisation de ces espèces de passereaux sur le golf est également une arme contre les insectes ravageurs des gazons. En effet, le régime alimentaire de la Mésange, pour ne citer qu'elle, est quasi exclusivement insectivore durant le printemps et l'été .Elle est particulièrement friande des larves de tipules qui nous causent tant de soucis. Les adultes ne sont pas plus en sécurité, surtout si Pistrelles ou Rinolophes, aidés de leur radar de chasse, décident d'élire domicile dans ces nichoirs.

En attendant d'installer des nichoirs de taille plus conséquente à destination des rapaces, diurnes et/ou nocturnes, nous surveillerons l'arrivée des nouveaux locataires.

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