mercredi 29 août 2018

Racines vs Gazon : Le combat souterrain


Plusieurs options s’offrent aux intendants pour maîtriser les racines d'arbre qui empiètent  sur les greens, des bunkers et des chemins.
Le golf prend ses origines sur le littoral de la vielle Europe, sur des terres battues par les vents dépourvues d’arbre. Mais petit à petit les arbres ont fait leur apparition, ou plus exactement des nouveaux parcours ont été construits au milieu de zones boisées. La plupart des parcours cités en référence aux Etats-Unis proposent des fairways qui serpentent au milieu d’arbres centenaires à tel point que ce type de parcours sont désormais qualifié de traditionnels. 
Ces arbres sont là pour tester la dextérité des golfeur et pimenter le jeu en offrant des options de jeu différentes pour passer par-dessus un bosquet, contourner le houppier d’un arbre centenaire ou épouser le tracer d’un coup parfaitement maîtrisé en fade ou en drow . Les arbres servent également à souligner le tracé et les relief du parcours en donnant des perspectives de profondeur et en matérialisant les doglegs.
Cependant les arbres peuvent avaler la balle un peu courte d’un golfeur gourmand qui pensait pouvoir couper le tracé du trou.
Ils augmentent, au delà de l’aspect scénique, la valeur naturelle d’une zone en proposant un habitat faunistique varié. Autour des greens et des départs, les arbres fournissent un ombrage apprécié par les golfeurs lors des chaudes journées d’été. .
Mais les arbres peuvent également tester les compétences des intendants de golf. Les racines des arbres près de greens et des tees réclament un entretien particulier pour les empêcher d'entrer en concurrence directe avec le gazon. Les racines qui affleurent peuvent perturber de manière importante et durablement les surfaces de jeu.
Elles consomment l'eau et les nutriments destinés au gazon, qui s’en retrouve affaibli. Les racines de surface peuvent également endommager les revêtements des pistes pour les voiturettes et autres zones pavées, en particulier autour des club-houses et des parkings. Les éléments des tondeuses sont aussi détériorés par ces racines. Enfin, des perturbations notables sont observées dans les bunkers qui jouxtent les zones boisées.  Voici un aperçu des stratégies qui permettent aux directeurs et aux intendants de mettre en place une stratégie de lutte pour réduire ou éliminer les problèmes de racines d’arbres.



Réalisation de tranchées et sectionnement des racines


Le sectionnement des racines est sans doute la méthode la plus efficace pour éliminer les racines des arbres, en particulier autour des greens. Effectués à intervalle régulier (trois à quatre ans)  le long des parcours et plus spécialement à  proximité des greens, des pistes de voiturettes ou des bunkers, là où les racines posent le plus de problèmes. Sur une profondeur de 25 à 30 cm les racines surface sont contenues. A la trancheuse, sur une profondeur de terrassement de  60 à 90 cm, on peut contrôler la plupart des racines incriminées. Ce type de trancheuse, munie d’une chaîne excavatrice, se présentent sous plusieurs formes, autotractée légère avec l’opérateur derrière, automotrice plus lourde et plus puissante ou en outil attelé sur le troisième point d’un tracteur.

Dans le cas de l’utilisation d’un trancheuse classique, et pour un résultat parfait tant pour  la propreté que pour le jeu, il est préférable de déplaquer et de récupérer le gazon avant de trancher. Une fois le travail terminer, il reste à reboucher la  tranchée, bien la compacter et replaquer le gazon pour cacher la cicatrice. On prendra évidement soin d’éviter les canalisations d’arrosage, les câblages, les drainages et les divers réseaux de téléphone, électricité et gaz.
Certains spécialistes recommandent de reprendre à la main, dans la tranchée, les racines plus ou moins déchiquetées par le passage de la trancheuse. Un petit coup de sécateur permet une coupe plus propre des bouts de racines et de ce fait une cicatrisation plus rapide. Le passage des outils à lame qui travaillent en surface ne permet pas une telle rectification, mais la qualité des coupes est meilleure du fait du tranchant de l’outil.  
Le tranchage et le sectionnage des racines peuvent mettre en danger la stabilité de l'arbre, surtout si plusieurs grosses racines sont coupées. Il serait frustrant de tout faire pour essayer de conserver un bel  arbre, au demeurant ennuyeux avec son système racinaire, pour le voir mourir plus tard.  On veillera à conserver une distance mini entre le tronc et la tranchée. Cette distance varie selon l’essence, l’état sanitaire du sujet et la profondeur de travail. Le minimum est de 4 à 5 fois le diamètre du tronc. Par ailleurs, on ne doit pas détourer complètement un arbre, c'est-à-dire qu’on le limitera seulement sur un de ces côtés.
Un travail conjoint d’élagage permet de réduire la vulnérabilité au vent des arbres fortement impactés par un travail sur leurs racines.
Le tranchage le long des pistes de voiturettes et autres surfaces en dur permet de tailler les racines peu profondes qui menacent de casser ou de soulever la chaussée. Dans ce type de  tranchées, il est possible de placer une barrière mécanique et/ou chimique qui permet d’espacer de manière importante les interventions. Les architectes urbanistes utilisent fréquemment en plastique, en métal ou tissu pour tenter de limiter la repousse des racines sous les trottoirs.
 
Barrières rigides contre les racines

Les études ont prouvé que les barrières rigides, en plastique, verticales,  peuvent rediriger les  racines peu profondes, au moins temporairement. Les essais sur divers matériaux ont mis l'accent sur la prévention des dégâts sur les trottoirs et les voiries, ce qui permet de transposer leur utilisation autour des greens de golf.
En règle générale, les racines des arbres ont tendance à pousser vers le bas lorsqu'elles  rencontrent un obstacle. Par exemple une barrière en plastique avec des côtes verticales bien conçues. (Ce type de matériaux en plastique lisse encourage la croissance latérale, ce qui peut entraîner le développement de racines circulaires autour de l’arbre.)
Après que les racines aient atteint le fond de la tranchée c'est-à-dire le bas de la barrière  verticale, elles peuvent faire demi-tour, et remonter vers la surface, et ce particulièrement si la partie supérieure du sol est mieux drainés et plus propice à la croissance des racines que le sous-sol. Bien sûr, ces conditions décrivent à merveille le substrat des greens et des tees, humides, légers et riches en éléments nutritifs.  La barrière de  racine peut retarder l’invasion des racines vers le green. Cependant, naturellement, certaines essences sont plus invasives que d’autres.
Généralement, les barrières de racines sont fabriquées selon deux modèles, soit des containers  soit des barrières linéaires à dérouler. 
Les containers sont utilisés lors de la plantation et concerne essentiellement les zones de parking et de voirie ou les arbres disposeront d’un espace réellement exigu. Leur utilisation n’est pas envisageable sur des gros sujets établis.  A l’installation, il faut veiller à ne pas remblayer le pourtour des containers avec des matériaux de meilleure qualité que le sol sous-jacent pour ne pas encourager les racines à se développer de manière latérale. .
Les barrières linéaires peuvent être installées le long des zones à problème et ce, en général sur un seul côté de l’arbre. Les barrières sont installées dans la tranchée après que les racines aient été sectionnées le long d’un green ou d’une piste de voiturettes. Elles sont disponible en plusieurs profondeurs,  jusqu'à 60 cm. Les fabricants recommandent une longueur totale de la barriere supérieur de 1m au volume estimé du houppier. 
Bien sûr, si le sol, les paillis ou les débris  de mulch traînent en surface, au dessus de la barrière, les racines sectionnées à proximité ne tarderont pas à reprendre leur progression vers le green. La barrière doit impérativement être installée 1 cm en saillie au-dessus du sol. Un peu de soin doit être apporté à la barrière, pour maintenir le haut en bon état.
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Barrières chimiques

Au moins un fabricant commercialise une barrière de racine en textile non tissé extrêmement résistant  qui contient des agents chimiques,  répulsifs pour les racines. Comme pour les barrières en plastique,  ce produit également installé verticalement dans une tranchée à côté de l'arbre, ou comme une barrière qui entoure la zone à protéger. Le produit contenu dans les capsules est le Treflan, dont la matière active est la Trifluraline. Le produit crée un dégagement gazeux qui inhibe la croissance des racines dans sa zone d’action (5 à 6 cm de part et d’autre du géotextile. Cette action est sans effet pour l’arbre qui détournera son système racinaire de la zone.



 
Bien que les nodules chimiques puisse rester actifs une quinzaine d’années, les études ont montré que les racines peuvent contourner par le bas ou par le coté la barrière textile en trois ou quatre ans si la profondeur est insuffisante. Ce produit, développé pour empêcher les racines d’arbre de pénétrer les sites de stockage de déchets nucléaires est fabriqué en rouleaux de 350 mètres, sur une largeur de 150cm pour les plus profonds. Des largeurs de rouleau peu profondes (30cm) sont également disponibles.
 
Placement et sélection

Un choix judicieux des essences et de leur positionnement sur le terrain sont sans doute les remèdes les plus efficaces. Il va de soit que les problèmes sont moins marqués si les plantations sont tenues à l’ecart des greens et des zones à préserver. Mais parce que les racines des arbres occupent une superficie de quatre à huit fois plus importante que le houppier, d’autres moyens, curatifs sont parfois nécessaires.
 Les recherches montrent que les barrières de racines retardent l'arrivée des racines peu profondes dans des zones où elles ne sont pas les bienvenues. La durée d’efficacité peut dépendre du type d’arbre (espèce) et des conditions de sol dans la zone exploitable par le système racinaire de l’arbre. Les racines contournent ou détériorent les barrières en 3 ou 5 ans. Parfois beaucoup plus parfois moins si une faille est découverte. Le sable des bunkers et
les soubassement des voiries légères augmentent la vitesse de recolonisation de la zone.
Globalement le travail est efficace pour lutter contre les racines qui empiètent sur les greens et les tees.
La sélection des essences les moins invasives permet de jouer un rôle important. Bon nombre d’arbres ont des racines assez proche de la surface du sol, mais certains, sont bien connus pour produire dans cette zone un tissu racinaire dense et agressif. Ces arbres ne sont pas recommandés à proximité des greens, des tees et de toute zone à préserver des affres de la concurrence des racines.  


Arbres gênants

Vous pouvez éviter les problèmes de racines en sélectionnant les espèces dotées d’un enracinement pivotant (vertical). L’association des architectes de Californie a blacklisté les essences à risque pour les dégâts aux voiries et trottoirs.

Des botanistes interrogés sur la question estiment qu'il n'y a pas d’arbres avec 100% des racines en surface ou au contraire 100 % des racines en profondeur. Les racines de la plupart des arbres sont situées dans les 30 à 50 premiers centimètres du sol et vont rarement à plus de 2 m50 ou 3 m de profondeur.

Malgré cela, certaines espèces produisent un maillage racinaire très en surface qui méandre entre la couche supérieure du sol et la couche de gazon ce qui occasionne des dégâts importants. Les essences à éviter sont :

  • Saules (Salix spp..)
  • Acacias ou robinier (Robinia Pseudacacia)
  • Peupliers (Populus spp.)
  • Aulne blanc (Alnus incana Moench)
  • Mûrier (Morus alba)
    • Érable plane (Acer platanoides)
    • Érable argenté (Acer saccharinum)
    • Frêne (Fraxinus spp..)
    • Érable rouge (Acer rubrum)
    • Érable à sucre (Acer saccharum)
    • Érable sycomore ou platane (Acer pseudoplatanus occidentalis)
    • Liquidambar (Liquidambar styraciflua)
     
    Article de Mark Khind
    Tiré de la revue Golf Course Management
    Traduction Pascal VAN HOLLEMEERSCH

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