Les intendants de terrains de golf sont souvent dans le flou
dès lors qu’il s’agit de l’utilisation des biostimulants et des effets que l’on
est en droit d’attendre.
Nombre d’intendants ont reconnu avoir un peu de mal à s’y
retrouver parmi tous les produits qui se réclament biostimulants. Le plus dur
est de choisir en fonction de ses besoins, puis de déterminer la meilleure
façon d’intégrer un programme de biostimulation dans sont programme courant de
nutrition du gazon.
Ces discussions sont les réminiscences d’un article écrit par
une amie, qui indiquait que Sherlock Holmes aurait fait un excellent chercheur
en agronomie tant il voulait, en permanence, comprendre et éviter les risques
des évidences trop simplistes.
Dans ‘’Scandale en Bohême‘’, Holmes dit au Docteur
Watson :
‘’C’est une erreur
monumentale d’établir une théorie avant d’avoir entre les mains, l’ensemble des
éléments d’appréciation. Inconsciemment ont est tenté de remplacer les faits
par la théorie, alors que la théorie devrait, à chaque fois découler des
faits.’’ Beaucoup d’intendants sont comme Holmes, et considèrent une pratique
culturale éprouvée, si les résultats obtenus sont prouvés.
Au regard des données accumulées durant dix ans sur le
biostimulants, dans les centres de recherche, les laboratoires et sur les
divers sites (parcs, golfs, terrains de sports….) un certain nombre de faits
sont avérés. Un biostimulant est un produit organique qui, lorsqu’il est
appliqué en petite quantité, améliore la croissance et le développement des
plantes de telle sorte que la réponse ne puisse pas être attribuée à un élément
fertilisant. Les biostimulants peuvent également être décrits comme des
régulateurs positifs de croissance, ou comme aime à le souligner James B. BEARD
des ‘’améliorateurs métabolitiques’’.
Nos recherches ont montré que l’application de biostimulants
conditionne le gazon à tolérer un stress environnemental et augmente de manière
significative la croissance de la plante et tout particulièrement le
développement racinaire. Ils se sont
également révélés développer l’activité photochimique du gazon (évaluation de la photosynthèse) surtout dans les conditions les plus
défavorables au gazon, faible humidité du sol, infestation de nématodes, forte
exposition aux UV, chaleur, pression de maladies, manque de lumière…
Combien et quand ?
Combien d’intendants savent précisément quel biostimulant et à
quelle dose l’utiliser ? Quelle est la bonne fréquence
d’application ? Il est compliqué de
répondre à ce type de question car les biostimulants sont formulés à partir de
nombreuses matières premières, et surtout à des concentrations très variables.
Ceux qui ont les concentrations les plus faibles peuvent paraître les moins
chers, mais au regard de l’efficacité sur le long terme, ils peuvent s’avérer,
à résultat égal, beaucoup plus onéreux. L’évaluation du coût doit rapporter une
unité de substance active à une unité de surface. Une certaine confusion règne
également du fait que certains produits, présentés comme des biostimulants et
classifiés comme tel, ne sont pas en mesure d’apporter les bienfaits que l’on
devrait pouvoir attendre d’eux. Au sein de l’Université de Virginie, nous avons
démontré que les extraits d’algues, les acides humiques, mais aussi les
triazoles, le silicate de potasse et (à faible dose) l’acide salicylique
avaient tous des propriétés biostimulantes très intéressantes. Toutefois, pour les deux plus communément
utilisés, les acides humiques et les extraits d’algues, des variations
importantes ont été mises à jour du fait de la grande variété de produit source
et des techniques d’extraction.
Les extraits d’algues
La composition chimique des extraits d’algues est conditionnée
par la nature même des algues et de leur mode de développement. T.H. Senn, de
l’Université de Clemson, à longuement étudié les extraits d’algues et leur
influence sur la santé des plantes. Il a notamment démontré que les préparations
à base d’Ascophyllum nodosum obtenues par hydrolyse, en phase alcaline, et
selon un protocole très strict, dans les eaux norvégiennes, sont des produits très stables et concentrés.
Des résultats similaires en tous points ont été obtenus avec des algues
provenant des eaux très froides, sous les mêmes latitudes, en Nouvelle Ecosse.
Les résultats montrent une activité biologique similaire. Des hormones de type
gibbérellines et auxines ont été isolées
et quantifiées sur ces échantillons. Ce sont elles les principales
substances actives de ces extraits.
Les acides humiques
Les substances humiques peuvent être extraites de divers
supports. Sols divers, tourbe, argiles (en particulier léonardite), lignite. Lors de la manipulation, les acides humiques
et fulviques peuvent être séparés par acidification. En effet, les acides
humiques sont précipités à des pH de 2 ou moins. Les acides fulviques, solubles
à tous pH, ont une masse moléculaire inférieure et une activité biologique plus
importante. Les deux principaux aspects
de ces composés humiques qui influencent
la croissance des plantes, sont la présence d’hormone et en particulier
d’auxines, mais surtout le pouvoir de chélation de ces substances sur certains
composés inorganique tel que le fer par exemple.
Dosages et fréquence des apports
Les résultats des nombreuses recherches indépendantes menées
sur le sujet permettent de vérifier l’efficacité des produits, et confirment
que la grande majorité d’entre eux affichent le contenu exact de leur produit.
Les bonnes doses d’application et les recommandations sont portées à la
connaissance de l’utilisateur. Notre expérience nous conforte dans le choix
d’apports fréquents à faibles doses, plus efficients que de rares apports plus
massifs. Par ailleurs, les biostimulants sont ou interviennent sur les
hormones, un apport important peut être nuisible au bon développement de la plante. Dans le cas de fréquentes applications
(toutes les 3 à 4 semaines) nous avons obtenu d’excellents résultats avec 14 g
d’acides humiques, 6 g d’extraits d’algues
et 14 g de triazole appliqués conjointement pour 100 m². Les
applications ont été effectuées sur un couvert végétal composé à 100% d’agrostis pallustris. Attention, compte
tenu des différences de réglementation, l’usage de certains fongicides est
soumis à autorisation. De plus le mélange sera à effectuer au moment de la
pulvérisation, il n’existe pas de spécialité commerciale associant des
biostimulants et un fongicide à base de triazoles (mélanges autorisés aux États-Unis).
Avec le temps, l’effet biostimulant de l’application
décroit. Ce qui nous renforce dans notre
conviction que des apports fréquents fractionnés sont plus souhaitables. Trois
à six applications annuelles, durant les périodes de stress peuvent être
programmées. La plupart des biostimulants proposent une palette d’éléments
nutritifs qui viennent renforcer et légitimer leur utilisation.
Que sommes-nous en droit d’attendre des
biostimulants
Commençons par expliquer comment les divers stress
environnementaux peuvent affecter les tissus de la plante. Puis, à partir de
là, voir comment l’utilisation des biostimulants, au regard des résultats et
observations de nos essais, peut diminuer les dommages occasionnés aux tissus
de la plante.
Le stress environnemental
En conditions favorables, la molécule d’oxygène accepte des
électrons durant le processus métabolique. Cependant, en conditions
défavorables, ce fonctionnement de l’oxygène se trouve complètement bouleversé
occasionnant la production de toxines. Ces toxines, regroupées sous le nom de
radicaux libres sont encore appelées Superoxides, peroxyde d’hydrogène ou
hydroxyle radical. Ces radicaux libres causent des dépigmentations, de sérieux
dommages aux parois cellulaires, aux mitochondries et aux chloroplastes, qui
induisent une très forte baisse de l’activité photosynthétique, la mort de
certaines cellules et parfois même, la mort de la plante elle-même. La plante réagit à ces dégradations métabolitiques,
en produisant des composés chimiques regroupés sous le nom d’antioxydants. Ils
réagissent avec l’oxygène des radicaux libres pour produire de l’eau et des
molécules d’oxygène. En condition normale, la plante est autosuffisante en
antioxydant pour détoxyfier les radicaux libres. Tous types de stress
environnemental est à même de produire des radicaux libres en quantité
importante, limitant ou empêchant la plante de se défendre seule pour stopper
les effets négatifs induits. Si cet état
de stress important se prolonge, cela peut conduire la plante à passer un
premier cap qui est l’entrée en dormance pour réduire son métabolisme, et par
la suite, le deuxième cap étant la mort pure et simple de la plante. Durant
cette période de grand stress, la plante produit des grandes quantités
d’éthylène qui marque le début de la phase de sénescence des feuilles et le
transfert des réserves glucidiques au niveau du point de production central, la
couronne (d’où partent les nouvelle tiges ou stolons). La photosynthèse est
stoppée et la respiration fortement diminuée pour assurer un minimum d’activité
au niveau de la couronne et de certaines racines. L’augmentation de la
concentration en éthylène dans les tissus coïncide avec la diminution de la
production par la plante des hormones de croissance, l’auxine et la
cytokinine.
Les traitements avec des biostimulants
Nous sommes convaincus que les traitements préventifs avec des
biostimulants à base d’extraits d’algues et de composés humiques sont de nature
à modifier profondément la balance hormonale de la plante pour favoriser la
production d’auxine et de cythokinine, même en présence d’éthylène dans les
tissus., de telle sorte que la production d’antioxydants ne soit pas stoppée.
Le gazon sera à même de faire face au stress alors que les conditions
environnementales devraient le conduire au mieux à un état de dormance.
D’après
nos recherches les biostimulants ont un effet ‘’paratonnerre’’ sur des gazons
stressés par la sécheresse, la salinité, la chaleur, le froid, la pression de
la sclérotiniose ou de la fusariose, l’exposition à des taux élevés d’UV,
l’application d’herbicides ou la pression des nématodes. En parallèle à la
production naturelle des cellules d’antioxydants, ils protègent la plante
durant la fabrication des radicaux libres en excès.
Par exemple de plus en plus de gazons sont désormais irrigués
avec des eaux usées. Hors, lors de l’évapotranspiration, les sels s’accumulent
dans le sol et on observe une augmentation des radicaux libres dans la plante à
cause du stress engendré par la présence de sel. Les antioxydants stimulés par
les biostimulants apportés permettront de réduire l’influence néfaste des radicaux libres. De
plus, on constate une réduction du sodium et du chlore dans les plantes
traitées avec des apports de
biostimulants.
La tolérance à un faible taux d’humidité du sol est un des
aspects les plus marquants de l’utilisation de biostimulants sur les graminées
à gazon. Les plantes traitées avec un biostimulant retiennent mieux l’humidité
que les plantes non traitées. De même, les plantes supportent mieux de longues
périodes entre deux arrosages et demandent moins de syringe en période de très
fortes chaleurs. Ces conditions moins humides en surface, évitent l’apparition
de mousses et algues sur les greens.
A l’université de Virginie, il a été démontré que l’usage
combiné d’extraits d’algues, d’acides humiques, d’un fongicide à base de
triazole, de silicates de potasse et une faible dose d’acide salicylique avait
des propriétés biostimulantes très
intéressantes (mélanges autorisés aux États-Unis).
Traduction de l’article de R. SCHMIDT, E. ERVIN et X.ZHANG
paru dans Golf Course Management
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