jeudi 17 octobre 2024

Le chemin de croix (des golfeurs)


Du 14 au 16 octobre, une aération des greens avec des louchets en croix a été réalisée sur les 27 trous et sur les greens d’entrainement. 

L’aération des greens est, dans la bouche des golfeurs, presque un gros mot. Pourtant le passage répété des engins et des golfeurs compacte petit à petit les premiers centimètres du green. La circulation de l’air et de l’eau se fait moins bien et les racines du gazon ont de plus en plus de mal à trouver un milieu propice à leur développement. L’aération d’aujourd’hui est le gage d’un gazon sain pour les mois à venir. C’est l'équivalent de la phase de récupération d’un sportif de haut niveau entre deux grandes épreuves. Pour l’aération d’automne, c’est aussi la garantie de greens plus sains et plus secs durant l’automne et l’hiver. Donc, espérons-le, moins de maladies.  

L’aération est un mal nécessaire, d’autant plus honnis des joueurs qu’on la pratique parfois juste après une compétition importante, c'est-à-dire sur de (très) bons greens.

Les périodes idéales d’aération correspondent par ailleurs au moment de l’année où la pousse et la météo sont  optimales, donc au printemps (pas trop tôt c'est-à-dire mai/juin) et à l’automne (pas trop tard c'est-à-dire septembre/octobre), périodes qui correspondent aux meilleures dates pour les compétitions.

Ceci étant dit, les golfs qui font l’impasse sur les aérations, qui les restreignent ou les positionnent le 4 février et le 12 décembre,  ne tardent pas à s’en mordre les doigts.

Apparition de la mousse, greens spongieux, augmentation de la pression de maladies, multiplication des ‘’dry patch’’, gazon clairsemé, anaérobiose du profil ou remise en jeu retardée après une pluie, sont parmi tant d’autres, les conséquences du manque d’aération.

L’aération seule  permet d’améliorer la structure du sol en favorisant la floculation des particules sous l’effet de la minéralisation de la matière organique, elle-même boostée par l’apport d’air et d’eau. Couplée à des apports de sable ou d’amendements, elle permet d’améliorer la texture du sol, c'est-à-dire la composition centésimale des divers éléments. 

Bien heureux les greenkeepers qui ont la possibilité de faire 3, 4 ou même 5 aérations par an !

Les choix techniques et les dates d’aérations varient d’un golf à l’autre en fonction du climat, de l’objectif visé et du budget (matériel, fournitures, personnel). Cependant toutes ces opérations ont un même but :

-   Apporter de l’air et de l’eau aux racines.

- Profiter des trous pour y positionner du sable ou/et des amendements inorganiques (céramiques poreuses, terre de diatomées, zéolithe).

-  Décompacter le sol.

Limiter le développement du feutre, accumulation de tissus organiques plus ou moins inertes, et foyer de multiplication des maladies.

- Lutter contre les zones anaérobies qui se forment dans les sols compactés ou sur-arrosés (black layer).

- Profiter des trous pour y positionner un engrais racinaire peu mobile ou un amendement organique directement au contact des racines.

Profiter des impacts créés pour positionner un regarnissage.

- Relancer l’activité du sol après une période d’arrêt végétatif, après l’hiver ou après un été chaud et sec.

 

Passons en revue les techniques et les outils utilisés sur greens.

 


1] Le carottage ou aération à louchets creux : C’est le moyen le plus efficace pour réaliser conjointement une extraction de matière et un apport de nouveaux matériaux. On peut donc créer des puits verticaux qui maintiennent la connexion entre l’eau et l’air de surface et la zone racinaire. Les carottes d’aération peuvent être ramassées à la machine pour un gain de temps, mais sur des greens fragiles ou dans l’optique d’un travail plus minutieux, un ramassage à la main sera privilégié. C’est une tâche chronophage et fastidieuse. Dans le cas d’une micro-perforation (petit diamètre et faible profondeur), les bouchons de feutre peuvent être soufflés à l’extérieur du green.

Les diamètres sont variables de 6 à 33mm, la profondeur de travail varie de 10mm pour juste prélever le tampon de feutre,  à 300 mm pour les carottages très profonds. Densité 200 à 400 trous au m² selon l’espacement et la vitesse d’avancement.  

On estime à 6 à 8% le  volume de sol changé pour un carottage ‘’standard’’ 10 à 13mm de diamètre sur 8 à 10 cm de profondeur pour 300 trous au m².

Ensuite le green est sablé en un ou plusieurs passages selon la quantité de sable apportée qui dépend de la grosseur des trous (entre 0.5 et 3 litres par m²), les apports prévus en engrais ou amendements sont positionnés. 

L’incorporation du sable se fait par le passage d’un ‘’drag mat’’ tapis métallique ou plastique ou encore par brossage. Un ou des arrosages peuvent être planifiés pour aider le sable à descendre dans les trous.  

2] L’aération à louchets pleins : Les diamètres sont variables, de 5mm pour les micro-louchets  à 33mm pour les plus gros calibres. La profondeur de travail varie de 10mm pour juste percer le tampon de feutre,  à 300 mm pour  les carottages très profonds. Pas d’extraction de matière. Le gain de temps est appréciable car il n’y a pas de carottes de terre à ramasser. Le louchet rentre en force du fait qu’il n’y a pas d’extraction, le sol reprend petit à petit sa place au fil des jours. Un sablage et un apport d’engrais ou d’amendements peuvent toutefois être envisagés comme pour le carottage.

3] L’aération avec des louchets cruciformes : Ces louchets de 6.5 à 22mm de diamètre en forme de croix permettent d’augmenter la surface de contact entre le sol et l’air en limitant l’impact sur le jeu. La profondeur de travail varie de 5 à 160mm. Pas d’extraction de matière.

En général on réalise un top dressing (sablage de surface) juste après.


4] L’aération avec des baïonnettes : Généralement utilisées sur green, cette opération est rapide et peu invasive, ce qui permet de multiplier les passages y compris pendant la saison. Les baïonnettes ont des cotes relativement standard : largeur 19mm, profondeur 140 à 160mm, et épaisseur 6 à 8 mm. Pas d’extraction de matière. Peu ou pas d’impact sur le jeu. En général on positionne un top dressing (sablage de surface) juste après.


5] Le décompactage : Pas d’extraction de matière. De longues broches plus ou moins grosses décompactent le sol en profondeur, au-delà de celle des aérations classiques. En effet, au fil des années, une ‘’couche dure’’ peut se former dans le profil, surtout si on a réalisé d’année en année des opérations à la même profondeur.

Un angle de travail (entre 0 et 30°)  peut être appliqué à la remontée des broches pour créer un effet de bêchage. Plus l’angle est important, plus on aura d’efficacité, mais plus la surface de putting est perturbée. Pour éviter de rouler sur des greens fraichement décompactés, le sablage est fait avant le passage du décompacteur. Méthode Wiedenmann, Vertidrain.  

6] L’aération à lames ou slicing :  Elle se pratique au moyen d’un aérateur rotatif doté de lames qui réalisent des incisions profondes. Ces longues lames triangulaires, d’une épaisseur de 5 à 6 mm, laissent peu de traces après leur passage.  Pas d’extraction de matière. Attention toutefois sur des greens en terre notamment, des fentes réalisées en fin d’hiver ou au début du printemps, peuvent se rétracter et accélérer le dessèchement du green en été et/ou perturber le jeu.

7] L’aération par injection d’eau : Technique moins fréquente d’injection d’eau sous la surface des greens. Des buses injectent à grande pression de l’eau dans le sol ce qui décompacte en profondeur. L’opération est très lente mais ne laisse pas la moindre trace en surface. Cela nécessite que chaque green soit équipé d’un clapet vanne et tout une logistique de tuyaux pour s'y brancher. Par ailleurs en présence d’une eau chargée, les filtres se colmatent rapidement. Pas d’extraction de matière. Méthode Hydroject.


8] L’aération par injection de sable : Technique assez récente qui consiste à injecter conjointement de l’eau et du sable sous pression (de 5 à 8cm). Peu de perturbation de surface et retour au jeu beaucoup plus rapidement. Pas d’extraction de matière. Méthode Top Changer.

9] L’aération par injection d’air : Technique moins fréquente qui consiste à injecter de l’air sous pression pour éclater les sols compacts.                              Effet impressionnant de gonflement du sol au passage de la machine. Peu de perturbation de surface et retour au jeu beaucoup plus rapidement. Pas d’extraction de matière. Méthode AirGreen, SubAir

10] L’aération par ‘’Deep Drill’’ : Des vrilles descendent verticalement et le sable (parfois mélangé avec un amendement inorganique) contenu dans une trémie, remplit immédiatement les trous. La densité est de 35 trous par m². Le diamètre de travail est d’environ 20mm pour une  profondeur de 300 à 450mm.  Efficacité garantie sur le long terme pour cette opération longue, un peu invasive et un peu onéreuse (sous-traitée). Les golfs disposant de moyens plus modestes ciblent en général les 3 ou 4 greens à problèmes. Si le budget le permet, un traitement de l’intégralité des greens donne des résultats exceptionnels. L’incorporation directe de 30 à 40 tonnes par Ha, de sable ou de mélange 80 à 85% sable et 15 à 20 % amendement (céramiques poreuses, terre de diatomées, zéolithe, argiles calcinées) est la clef du succès. Une telle profondeur de travail permet en outre de perforer aisément la fameuse ‘’couche dure’’.  


11] L’aération’’ de surface ou spiking : poinçonnage de surface dense, par des pointes ou des petites lames, peu profond (5 à 10mm maxi). Pas de perturbation de surface. Pas d’extraction de matière. Souvent suivie d’un top dressing ou/et d’un regarnissage.

12] Le sous-solage : Ce n’est pas à proprement parler une méthode d’aération mais les buts recherchés sont en partie similaires. Le sous-solage est effectué par un coutre vibrant, c'est-à-dire d’une lame munie ou non d’un obus à son extrémité. La profondeur est de 5 à 20 cm et l’espacement entre les lignes de 25 à 30 cm.


L’aération est une grosse opération d’entretien qui demande une organisation militaire. L’immobilisation de la surface peut être minime si l’opération est menée dans de bonnes conditions (choix pertinent de la technique, météo optimale et matériel bien préparé et bien utilisé). Sur des greens bien denses, un léger Verticut ou au moins un brossage, permet de faciliter l’aération et en particulier l’incorporation de matériaux. Une légère fertilisation peut être positionnée 8 à 10 jours avant pour relancer la végétation et ainsi accélérer la cicatrisation et donc le retour au jeu. Sur des greens sensibles ou en présence d’un risque accru de maladie cryptogamique, l’idée d’un fongicide préventif n’est pas à exclure. Le passage du dragmat ou de la brosse se fera en douceur sur ces greens déjà malmenés. Un lissage est souhaitable pour redonner une planimétrie générale. C’est aussi l’occasion de profiter des nombreux impacts pour positionner un semis de regarnissage, un spiking, en plus de l’aération, qui décuple le nombre d’impacts. La gestion de l’eau et des maladies est cruciale jusqu'à un retour à la normale.

Pour votre petit carré de gazon domestique, les bottes fashion avec des semelles à pointes pour Madame et la fourche-bêche pour Monsieur sont des alternatives intéressantes. 

             

lundi 1 avril 2024

Catalogue Automne Hiver

Ci-dessous le résumé en images des travaux effectués en plus de l'entretien habituel cet automne et cet hiver. Période difficile s'il en est, à slalomer entre les tempêtes, les nombreuses précipitations et un épisode neigeux dont on n'avait plus l'habitude. 


Aération des greens

Tas de carottes d'aération

Sablage des greens et nombreux Top Dressing


Tempête Ciaran

Casse du réseau d'arrosage
Comblement bunker au green 14





De l'eau encore et encore



Tempête Frédérico




















Reprise drainage bunkers 7 Plaine

Reprise drainage bunkers 7 Plaine


Tempête Géraldine
Bunker green 18  ''avant''

Bunker green 18  ''après''





De l'eau toujours




Fertilisation des greens


Sablage des fairways



Copeaux de Broyage

Manteau Blanc

Tempête Karlotta

Nouveau départ rouge 8 Bois

Nouveau départ rouge 9 bois



















Tempête Dennis





Installation des nichoirs



Confection de nichoirs


















Bunker rough 8 bois en cours

Bunker green16



Grand Prix du Golf de Caen la Mer sur trois jours (30-31 mars et 1er avril) pour lancer la saison





mercredi 13 mars 2024

Les cousines de Batman au golf de Caen

  

L’audit réalisé en 2018 par la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), dans le cadre de la labellisation, a répertorié trois espèces de chauves-souris sur le golf de Caen :

-  La pipistrelle commune

- La pipistrelle de Khul

- La sérotine commune


Avec ses 3 à 8 grammes et ses 18 à 24 cm d’envergure,  la pipistrelle commune est l’une des plus petites chauves-souris. La pipistrelle de Khul est un peu plus grosse avec 5 à 10 grammes en poids et 20 à 26 cm d’envergure. Toutes deux sont d’un brun sombre et sont caractérisées par des oreilles triangulaires. 

La sérotine commune est une espèce euro-asiatique de "grande taille".  D’un poids de 18 à 35 grammes pour 31 à 38 cm d’envergure, on la reconnaît à ses oreilles arrondies distinctives. 



Ce petit mammifère volant est qualifié d’espèce anthropophile. Les chauves-souris peuvent en effet cohabiter avec l’homme,  il n’est pas rare en effet de les trouver dans des caves, des greniers ou dans des bâtiments d'élevage ou de stockage, en particulier dans le bâtit ancien. Elles colonisent tous types d'habitats mixtes, mêlant des arbres feuillus, des lisières et des milieux ouverts (prairies, plans d'eau, rivières...) y compris dans les zones urbanisées, parmi les parcs et jardins. Il n’est pas rare de les croiser, même dans des milieux secs et pauvres ou dans les zones cultivées. 

Elles hibernent de novembre à fin mars. Les femelles forment des colonies de mise-bas, généralement dans des combles, des grottes,  des caves ou des anfractuosités de falaises, alors que les mâles sont très souvent solitaires. 

Les chauves-souris se dirigent  grâce un système d'écholocalisation en émettant des ultrasons. La fréquence émise permet de repérer et de différencier les espèces.

Visuellement, à la tombée du jour, ou de nuit autour d’un lampadaire, les pipistrelles ont un vol rapide, saccadé par de nombreux changements de direction. A contrario, les sérotines ont un vol plus lent, plus ample avec des phases de vol plané caractéristiques.  

Ces chiroptères  insectivores se nourrissent de toutes sortes d'insectes (Coléoptères, Lépidoptères, Trichoptères, Diptères, Hyménoptères, etc.), qui sont capturés en vol.

Sur les parcours de golf, c’est un allié de choix pour réguler les populations de tipules, de hannetons et de noctuelles, les trois principales espèces qui posent problème.    

Une des causes du déclin des populations de chauves-souris est la raréfaction de l'habitat. L'installation de nichoirs est donc une solution simple et très efficace pour limiter ce problème. La fabrication et l’installation de nichoirs dédiés aux cousines de Batman permet le maintien ou le renforcement des populations existantes. Après l'hibernation, elles peuvent également utiliser les nichoirs comme lieu de reproduction ou pour se détendre. Elles trouvent ainsi un gite pour se regrouper durant la journée pendant leur période d'activité.

Nous avons donc décidé de disposer des nichoirs sur le parcours et mais aussi à l'arrière du clubhouse  et à proximité du bâtiment de maintenance, les chauves-souris aiment hiberner pendant les mois froids, par conséquent il est particulièrement important de leur fournir un abri abri de septembre à mars.  


Nous avons bon espoir de voir leur population augmenter et pourquoi pas se diversifier avec la venue de petits rhinolophes et leurs grandes oreilles ou de barbastelles pour qui nous allons préparer des nichoirs un peu différents.