Du 14 au 16 octobre, une aération des greens avec des louchets en croix a été réalisée sur les 27 trous et sur les greens d’entrainement.
L’aération des greens est, dans la bouche des golfeurs, presque un gros mot. Pourtant le passage répété des engins et des golfeurs compacte petit à petit les premiers centimètres du green. La circulation de l’air et de l’eau se fait moins bien et les racines du gazon ont de plus en plus de mal à trouver un milieu propice à leur développement. L’aération d’aujourd’hui est le gage d’un gazon sain pour les mois à venir. C’est l'équivalent de la phase de récupération d’un sportif de haut niveau entre deux grandes épreuves. Pour l’aération d’automne, c’est aussi la garantie de greens plus sains et plus secs durant l’automne et l’hiver. Donc, espérons-le, moins de maladies.
L’aération
est un mal nécessaire, d’autant plus honnis des joueurs qu’on la pratique
parfois juste après une compétition importante, c'est-à-dire sur de (très) bons
greens.
Les
périodes idéales d’aération correspondent par ailleurs au moment de l’année où la pousse et la météo sont optimales, donc
au printemps (pas trop tôt c'est-à-dire mai/juin) et à l’automne (pas trop tard
c'est-à-dire septembre/octobre), périodes qui correspondent aux meilleures dates pour les
compétitions.
Ceci
étant dit, les golfs qui font l’impasse sur les aérations, qui les restreignent
ou les positionnent le 4 février et le 12 décembre, ne tardent pas à s’en mordre les doigts.
Apparition
de la mousse, greens spongieux, augmentation de la pression de maladies,
multiplication des ‘’dry patch’’, gazon clairsemé, anaérobiose du profil ou
remise en jeu retardée après une pluie, sont parmi tant d’autres, les
conséquences du manque d’aération.
L’aération seule permet d’améliorer la structure du sol en favorisant la floculation des
particules sous l’effet de la minéralisation de la matière organique, elle-même
boostée par l’apport d’air et d’eau. Couplée à des apports de sable ou
d’amendements, elle permet d’améliorer la texture du sol, c'est-à-dire la
composition centésimale des divers éléments.
Bien heureux les greenkeepers qui ont la possibilité de faire 3, 4 ou même 5 aérations par an !
Les
choix techniques et les dates d’aérations varient d’un golf à l’autre en
fonction du climat, de l’objectif visé et du budget (matériel, fournitures,
personnel). Cependant toutes ces opérations ont un même but :
- Apporter
de l’air et de l’eau aux racines.
- Profiter
des trous pour y positionner du sable ou/et des amendements inorganiques
(céramiques poreuses, terre de diatomées, zéolithe).
- Décompacter
le sol.
- Limiter
le développement du feutre, accumulation de tissus organiques plus ou moins
inertes, et foyer de multiplication des maladies.
- Lutter
contre les zones anaérobies qui se forment dans les sols compactés ou
sur-arrosés (black layer).
- Profiter
des trous pour y positionner un engrais racinaire peu mobile ou un amendement
organique directement au contact des racines.
- Profiter
des impacts créés pour positionner un regarnissage.
- Relancer
l’activité du sol après une période d’arrêt végétatif, après l’hiver ou après un
été chaud et sec.
Passons
en revue les techniques et les outils utilisés sur greens.
1] Le carottage ou aération à louchets creux : C’est le moyen le plus efficace pour réaliser conjointement une extraction de matière et un apport de nouveaux matériaux. On peut donc créer des puits verticaux qui maintiennent la connexion entre l’eau et l’air de surface et la zone racinaire. Les carottes d’aération peuvent être ramassées à la machine pour un gain de temps, mais sur des greens fragiles ou dans l’optique d’un travail plus minutieux, un ramassage à la main sera privilégié. C’est une tâche chronophage et fastidieuse. Dans le cas d’une micro-perforation (petit diamètre et faible profondeur), les bouchons de feutre peuvent être soufflés à l’extérieur du green.
On estime à 6 à 8% le volume de sol changé pour un carottage ‘’standard’’ 10 à 13mm de diamètre sur 8 à 10 cm de profondeur pour 300 trous au m².
Ensuite le green est sablé en un ou plusieurs passages selon la quantité de sable apportée qui dépend de la grosseur des trous (entre 0.5 et 3 litres par m²), les apports prévus en engrais ou amendements sont positionnés. L’incorporation du sable se fait par le passage d’un ‘’drag mat’’ tapis métallique ou plastique ou encore par brossage. Un ou des arrosages peuvent être planifiés pour aider le sable à descendre dans les trous.
En général on réalise un top dressing (sablage de surface) juste après.
Un angle de travail (entre 0 et 30°) peut être appliqué à la remontée des broches pour créer un effet de bêchage. Plus l’angle est important, plus on aura d’efficacité, mais plus la surface de putting est perturbée. Pour éviter de rouler sur des greens fraichement décompactés, le sablage est fait avant le passage du décompacteur. Méthode Wiedenmann, Vertidrain.
7] L’aération par injection d’eau : Technique moins fréquente d’injection d’eau sous la surface des greens. Des buses injectent à grande pression de l’eau dans le sol ce qui décompacte en profondeur. L’opération est très lente mais ne laisse pas la moindre trace en surface. Cela nécessite que chaque green soit équipé d’un clapet vanne et tout une logistique de tuyaux pour s'y brancher. Par ailleurs en présence d’une eau chargée, les filtres se colmatent rapidement. Pas d’extraction de matière. Méthode Hydroject.
8] L’aération par injection de sable : Technique assez récente qui consiste à injecter conjointement de l’eau et du sable sous pression (de 5 à 8cm). Peu de perturbation de surface et retour au jeu beaucoup plus rapidement. Pas d’extraction de matière. Méthode Top Changer.
9] L’aération par injection d’air : Technique moins fréquente qui consiste à injecter de l’air sous pression pour éclater les sols compacts. Effet impressionnant de gonflement du sol au passage de la machine. Peu de perturbation de surface et retour au jeu beaucoup plus rapidement. Pas d’extraction de matière. Méthode AirGreen, SubAir
10] L’aération par ‘’Deep Drill’’ : Des vrilles descendent verticalement et le sable (parfois mélangé avec un amendement inorganique) contenu dans une trémie, remplit immédiatement les trous. La densité est de 35 trous par m². Le diamètre de travail est d’environ 20mm pour une profondeur de 300 à 450mm. Efficacité garantie sur le long terme pour cette opération longue, un peu invasive et un peu onéreuse (sous-traitée). Les golfs disposant de moyens plus modestes ciblent en général les 3 ou 4 greens à problèmes. Si le budget le permet, un traitement de l’intégralité des greens donne des résultats exceptionnels. L’incorporation directe de 30 à 40 tonnes par Ha, de sable ou de mélange 80 à 85% sable et 15 à 20 % amendement (céramiques poreuses, terre de diatomées, zéolithe, argiles calcinées) est la clef du succès. Une telle profondeur de travail permet en outre de perforer aisément la fameuse ‘’couche dure’’.
11] L’aération’’ de surface ou spiking : poinçonnage de surface dense, par des pointes ou des petites lames, peu profond (5 à 10mm maxi). Pas de perturbation de surface. Pas d’extraction de matière. Souvent suivie d’un top dressing ou/et d’un regarnissage. 12] Le sous-solage : Ce n’est pas à proprement parler une méthode d’aération mais les buts recherchés sont en partie similaires. Le sous-solage est effectué par un coutre vibrant, c'est-à-dire d’une lame munie ou non d’un obus à son extrémité. La profondeur est de 5 à 20 cm et l’espacement entre les lignes de 25 à 30 cm.
L’aération est une grosse opération d’entretien qui demande une organisation militaire. L’immobilisation de la surface peut être minime si l’opération est menée dans de bonnes conditions (choix pertinent de la technique, météo optimale et matériel bien préparé et bien utilisé). Sur des greens bien denses, un léger Verticut ou au moins un brossage, permet de faciliter l’aération et en particulier l’incorporation de matériaux. Une légère fertilisation peut être positionnée 8 à 10 jours avant pour relancer la végétation et ainsi accélérer la cicatrisation et donc le retour au jeu. Sur des greens sensibles ou en présence d’un risque accru de maladie cryptogamique, l’idée d’un fongicide préventif n’est pas à exclure. Le passage du dragmat ou de la brosse se fera en douceur sur ces greens déjà malmenés. Un lissage est souhaitable pour redonner une planimétrie générale. C’est aussi l’occasion de profiter des nombreux impacts pour positionner un semis de regarnissage, un spiking, en plus de l’aération, qui décuple le nombre d’impacts. La gestion de l’eau et des maladies est cruciale jusqu'à un retour à la normale.
Pour votre petit carré de gazon domestique, les bottes fashion avec des semelles à pointes pour Madame et la fourche-bêche pour Monsieur sont des alternatives intéressantes.